Les Echos

COLLOQUE A L'OCCASION DES 70 ANS DE LA CONVENTION POUR LA PREVENTION ET LA REPRESSION DU CRIME DE GENOCIDE
sous la responsabilité scientifique de Lena CASIEZ, Chargée de mission au Camp des Milles, Yann YUROVICS Maître de conférences à l'Univesité d'Evry-Val d'Essonne, Romain LE BOEUF, Professeur à l'Université d'Aix-Marseille
(Aix-en-Provence, 3 et 4 décembre 2018)
 

Les 3 et 4 décembre s'est tenu un colloque organisé à l'occasion des 70 ans de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide. Ce colloque était organisé par le CERIC en partenariat avec le Centre de recherche Léon Duguit de l’Université d'Évry-Val d'Essonne et le Camp des Milles. L'événement, qui faisait suite à une première journée d'étude tenue à Évry en octobre 2018, avait reçu le soutien du mémorial de la Shoah, de l'Unesco (Chaire pour l'éducation à la citoyenneté) et de l’Aerri.

 

La première journée, organisée sur le Site-mémorial du Camp des Milles, était ouverte à un large public et poursuivait avant tout une finalité de sensibilisation au sujet. La manifestation a été inaugurée par Alain CHOURAQUI, Président de la Fondation du Camp des Milles, et Nathalie RUBIO, en tant que directrice du Ceric et représentante du Doyen de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille. La conférence introductive a été prononcée par Izio ROSENMAN, directeur de recherche honoraire au CNRS et enfant rescapé du camp de Buchenwald. Il a développé ses observations du point de vue de la psychologie de l’enfant, notamment en ce qui concerne les phases de reconstruction et de resocialisation suite à une expérience concentrationnaire. Cette conférence était suivie de brèves présentations théoriques par les trois organisateurs du colloque : Yann JUROVICS a esquissé les origines de la Convention, Romain LE BOEUF son contenu et les usages dont elle a fait l’objet et Léna CASIEZ les questions demeurées en suspens ou passées sous silence par le texte de 1948. La journée s'est achevée par de longs échanges avec le public et une visite du site.

 

La seconde journée s'est tenue sur le campus de la Faculté de droit d'Aix-Marseille. Elle avait pour objet d'approfondir les questions soulevées par la Convention, notamment au regard de la pratique et des évènements postérieurs à l’adoption du texte. Cette seconde journée a été inaugurée par Caroline SIFFREIN-BLANC au nom du Doyen de la Faculté de droit et de science politique d'Aix-Marseille, ainsi que par Vincent BOUHIER, Doyen de la Faculté de droit d'Évry-Val d'Essonne. Quatre tables rondes se sont succédées. La première posait la question de la définition même du génocide et de son incrimination, en croisant les approches historiques et juridiques. La deuxième table ronde portait spécifiquement sur les difficultés de la qualification des phénomènes génocidaires, tant du point de vue de l’élément matériel du crime (comment prouver l’évidence de crimes de masse ?) que du point de vue de son élément intentionnel (comment prouver l’intention spécifique de détruire un groupe ?). La troisième table ronde envisageait la question de la réaction internationale aux situations génocidaires, successivement du point de vue du droit de la responsabilité internationale et du droit de la sécurité collective. Pour finir, la quatrième et dernière table ronde envisageait la question de l’étendue de la répression pénale, depuis l’incitation au génocide jusqu’au négationnisme.

 

L’ensemble de ces travaux a mis en lumière les enjeux théoriques et pratiques qui continuent d’entourer la notion de génocide et son encadrement par le droit, et leur caractère toujours actuel, comme en témoignent diverses situations dans différentes régions du monde. Sur un plan plus institutionnel, le succès de ces journées a renforcé les liens qui unissent les universités d’Aix-Marseille et d'Évry, ainsi que les liens déjà anciens entre le CERIC et le Camp des Milles. D'autres journées destinées à prolonger l'étude de ces questions sont prévues.
 

Romain LE BOEUF, Professeur à l'Université d'Aix-Marseille

 

 

 

 

 Marjorie Beulay, Romain Le Boeuf et Franck Latty (de g. à droite)