Xe session des Ateliers doctoraux du GDR ELSJ (JS Bergé)

10e ateliers doctoraux du GDR Espace de liberté, sécurité et justice (31 mai et 1er juin 2018, Aix-en-Provence)

Entretien avec Jean-Sylvestre BERGÉ,
Professeur des universités,

Membre de l'Institut universitaire de France,
Co-directeur avec le Professeur Henri LABAYLE du GDR ELSJ
blog : www.universitates.eu - SSNR - 

- Les 31 mai et 1er juin derniers s'est tenue à Aix-en-Provence la Xe session des Ateliers doctoraux itinérants du GDR piloté par le Réseau Universitaire européen dédié à l’étude du droit de l’Espace de liberté, sécurité et justice (ELSJ). Pouvez-vous nous préciser quels sont les objectifs poursuivis par le groupement de recherche constituant du RUELSJ ? 

Le GDR est une structure relativement informelle labellisée depuis 2011 par le CNRS et qui regroupe historiquement 5 centres et groupes de recherche en droit européen (Aix-en-Provence, Lyon, Nanterre, Pau-Bayonne, Toulouse ; Nice viendra bientôt rejoindre ce premier cercle). Il a cette particularité de réunir aussi bien des spécialistes de droit privé et de droit public sur cet objet relativement récent de la construction européenne qu’est l’ELSJ. La vie du groupement s’articule, d’une part, autour de l’animation d’un blog sur lequel sont régulièrement postées des analyses en prise avec actualité (http://www.gdr-elsj.eu) et, d’autre part, sur l’organisation annuelle d’ateliers doctoraux dont les travaux sont publiés dans des revues spécialisées ou sous forme d’ouvrages.

Les principaux objectifs du GDR sont les suivants :
 

- la constitution d’un réseau européen de chercheurs sur l’ELSJ : des enseignants-chercheurs et doctorants venus de toute la France et de différents pays européens (notamment : Espagne, Luxembourg, Italie, Belgique, Royaume-Uni, Allemagne) participent régulièrement aux activités du GDR ;

- la conduite d’une réflexion approfondie sur les ressorts théoriques et pratiques de l’ELSJ et des grands blocs qui le composent (circulation des personnes, sécurité et coopération judiciaire civile et pénale) ;

- l’analyse des grandes évolutions qui marquent la construction européenne contemporaine (fragmentation, crises, Brexit, etc.).

- A quels besoins précis répondent les ateliers internationaux doctoraux du GDR ? A qui s'adressent-ils ? Comment sont-ils organisés ? Quelles opportunités offrent-ils? Quelles sont les difficultés auxquelles vous pouvez vous heurter ?

Les ateliers sont une création originale du GDR. Ils sont tirés de l’expérience des membres du groupement qui, avant même sa constitution, ont initié en France ou à l’étranger des événements intergénérationnels, transversaux et agrégeant des universitaires et des praticiens reconnus pour leurs compétences dans un ou plusieurs domaines de l’ELSJ.

La structure des ateliers répond généralement au schéma suivant. Chaque session, qui tourne d’un membre du GDR à l’autre chaque année, porte sur un thème particulier (cette année, à Aix-en-Provence, le thème retenu a été : « Le juge national et l’ELSJ »). Un appel à contributions est lancé en amont des ateliers à l’attention des doctorants et jeunes docteurs et une sélection des réponses est alors opérée. Les jeunes chercheurs sont alors mis en réseau les uns avec les autres de manière à leur permettre de faire connaissance et de commencer à réfléchir collectivement au sujet retenu pour les ateliers de l’année. Ces derniers sont organisés sur deux jours. Ils s’ouvrent par une conférence d’actualité à l’occasion de laquelle des membres du GDR proposent un regard critique sur les développements politiques, législatifs et jurisprudentiels des douze derniers mois. Les jeunes chercheurs entrent alors en séminaire de travail jusqu’au lendemain midi. La nuit est généralement courte. il s’agit en effet pour eux de préparer en un temps limité une restitution publique de leur travail sous une forme originale et qui soit de nature à permettre la confrontation avec un grand jury composé notamment de personnalités extérieures (hauts magistrats français et européens, collègues d’universités étrangères).

La principale difficulté consiste pour les jeunes chercheurs à dépasser le stade des présentations formelles standardisées et superficielles. Pour ne retenir que l’exemple de cette année, on peut dire que ce double écueil a été évité. Les participants ont imaginé de présenter leur travail sous la forme inédite d’un forum des juges nationaux et européens. Plusieurs des interventions proposées ont approché un niveau bien réel de difficultés.

- Les offres de formation doctorale ou post-doctorale sont nombreuses au sein des universités. Est-il exact de dire que les sessions du GDR ELSJ offrent une formation spécifique unique aux jeunes chercheurs ? Si oui,  pourriez-vous nous dire en quoi consiste cette complémentarité ?

Le GDR a certainement fait école ! Nombreux sont ceux qui, en droit européen spécialement, ont suivi ce modèle et c’est très bien ainsi. Mais disons-le sans détour : le GDR conserve sa spécificité de par sa dimension transversale (toutes les approches du droit européen, public comme privé), sa capacité à mêler les générations (toutes sont représentées : doctorants, jeunes docteurs, jeunes collègues ou collègues plus avancés), sa volonté d’associer les discussions d’ordre théorique et pratique (universitaires et praticiens sont ainsi réunis) et sa bonne humeur (les rapports d’amitiés qui lient les membres historiques sont contagieux !).

Il faut dire (restons modestes) qu’il est grandement aidé en cela par la spécificité de son objet. L’ELSJ est manifestement un laboratoire de cette Europe dont on a écrit à juste titre qu’elle était « un laboratoire pour le monde ». Travailler sur l’ELSJ s’est faire œuvre d’esprit d’ouverture et de construction. Dans les temps troublés qui sont les nôtres (ne citons qu’un exemple : le fracas de l’Europe sur fond de crise migratoire), ce type d’ambition est plus que jamais nécessaire ! A suivre…