Quand le secret (ne) rime (pas ?) toujours avec la nécessité (?) ou l’émergence de la raison d’Etat

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  • Regad Caroline

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ART

résumé

Dès lors que le chercheur va puiser à la source, il découvre quatre critères de définition de la raison d’Etat : la contravention à la loi, l’objectif de primauté de l’intérêt public, la possibilité assumée d’écraser le particulier, le tout entouré de l’aura du secret. Le secret et l’intérêt de l’Etat sont les critères les plus importants. Les moyens sont donc proportionnés à la fin dans l’objectif de la conservation du corps. La raison d’Etat présente à la fois un versant négatif et positif. Le côté négatif de la raison d’Etat se loge dans la violence assumée. Le côté positif consiste en la réalisation d’un nouvel ordre rationnel entre les hommes, l’ordre rationnel du Léviathan. Avec la raison d’Etat, l’adage « la fin justifie les moyens » est mis à l’honneur. Quitte à écraser le particulier, la raison d’Etat s’active officiellement pour préserver l’intérêt général. Sa force est également sa faiblesse. Elle est basée sur le secret et s’articule sur deux principe : autonomie de la décision, hétéronomie des conditions de sa mise en œuvre. Autrement formulé : opacité de la source, transparence dans la mise en scène. Il a donc fallu se replonger au cœur des grands procès politiques de l’époque : celui du maréchal d’Ancre, celui des Marillac ou encore celui de De Thou. Or, tout bien considéré, le secret présente deux facettes : il peut être à visée inoffensive dès lors qu’il relève de l’omission ou bien il peut être à visée offensive, voire agressive dès lors qu’il travestie une situation, ce que le maquillage juridico-politique ne manque pas de (tenter de) masquer. Ce faisant, il faut se demander comment est utilisé le secret dans le cadre de la raison d’Etat. Si le secret est nécessaire à la raison d’Etat parce qu’il offre le salut à un vaste ensemble, il est également parfois perverti, ouvrant ainsi les affres de la raison d’Etat. De la raison d’Etat comme moyen théorique d’utiliser le secret en vue de la conservation de l’ensemble (secret inoffensif a priori de l’omission), on passe donc à la raison d’Etat pragmatique puis aux dérives pratiques qu’elle peut engendrer (secret agressif de manipulation). Il s’agit donc de considérer la genèse de la raison d’Etat sachant que les deux aspects précédemment relevés du secret peuvent se combiner.

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